Expérimentation tablettes tactiles en Français : amélioration des productions écrites

par Irène Doutsas

En français, nous avons principalement utilisé ces tablettes dans le cadre de l’amélioration des productions écrites des élèves. En effet, j’évalue sur un certain nombre de points la rédaction initiale de l’élève, et le reste des points de la note est accordé à la correction et à l’amélioration de la production écrite.

L’élève doit donc pour chaque rédaction corriger l’orthographe, la ponctuation, la formulation de son écrit, et il doit l’améliorer à l’aide de consignes personnalisées, qui tiennent compte des problèmes rencontrés dans sa production écrite et de son niveau en français. C’est ainsi que les meilleurs élèves sont amenés à approfondir leur réflexion en ajoutant certains éléments à leur rédaction, et que les élèves en difficulté se concentrent sur certains objectifs bien ciblés.

L’utilisation des tablettes numériques est dans ce cadre particulièrement profitable.

1° L’élève peut ajouter des phrases à sa rédaction, améliorer la formulation, déplacer des phrases sans perdre la lisibilité de son texte.
En effet, avec un support papier, l’élève est amené à signaler par des flèches ou autre astérisque ce qu’il veut ajouter après coup à son texte, ou les phrases qu’il a été amené à reformuler plusieurs fois. Lorsque je lui demande par exemple de rajouter du vocabulaire, il lui est difficile de reprendre par écrit certaines phrases sans perdre le fil de son récit ou de sa réflexion à travers la multitude de corrections, de ratures, ou d’ajouts signalés dans la marge ou à la fin de son texte.
En utilisant un traitement de texte, il peut améliorer sa production écrite en conservant toute sa clarté et sa cohérence. Il peut même en modifier les paragraphes sans avoir à la recopier laborieusement. Avoir une tablette numérique à disposition est d’autant plus profitable pour un élève en difficulté, qui se retrouve vite perdu dans un texte qui, sur support papier, lui apparaît sous la forme d’une somme de multiples ajouts et tentatives de correction.

2° L’élève n’a plus peur de se lancer directement dans l’amélioration de son texte, et n’attend plus de passer par le professeur.
En effet, sur papier, un grand nombre d’élèves attend la main levée que je vienne approuver leur démarche corrective avant d’écrire les améliorations souhaitées. Chaque trace écrite leur semble comme inscrite dans le marbre.
Avec la tablette numérique, l’élève entre directement dans son travail, tente certaines améliorations tout en sachant qu’il pourra modifier son texte à tout moment.

3° J’ai utilisé le logiciel Netsupport School, qui me permet d’avoir accès aux écrits de tous les élèves depuis mon ordinateur. Le professeur est ainsi en interaction constante avec le travail des élèves.
J’ai utilisé ce logiciel pour « nettoyer » les copies des élèves les plus en difficulté. Cela ne sert à rien de « noyer » un élève sous une montagne de corrections, dont il ne pourra de lui-même évaluer le degré d’importance. Depuis mon bureau, je corrige donc certaines erreurs d’orthographe, de formulation, ou j’ajoute des phrases apportant de la cohérence à son texte.
L’élève peut ainsi se concentrer sur des objectifs ciblés, et travailler sereinement sur son texte, sans baisser les bras devant la somme de corrections à apporter.

4° L’utilisation d’une tablette numérique est par ailleurs indispensable pour les élèves qui rencontrent des difficultés dans le geste graphique. L’effort à fournir sur support papier est pour eux si important qu’ils n’ont même plus la force de faire les améliorations nécessaires. Le support numérique supprime cet effort et l’élève peut se concentrer directement sur l’amélioration de sa rédaction. Un élève qui peine à corriger 3 ou 4 lignes en temps normal vient dès lors à bout de son travail dans le temps imparti. Il peut enfin travailler au même rythme que les autres. La dichotomisation des tâches permet de mieux progresser dans chacune d’entre elles.

5° Avec le support numérique, le professeur a également davantage de temps à consacrer au travail de chaque élève durant le cours.
En effet, je perds en temps normal un temps considérable à me rendre d’une table à l’autre pour aider.
Grâce au logiciel Netsupport School, j’ai accès en un clic à la production de l’élève qui lève la main pour que je supervise son texte. A la fin de l’heure, j’ai pu aider un maximum d’élèves dans la classe.

6° Enfin, l’outil numérique permet à l’élève de s’approprier réellement son texte. Il choisit la couleur, la police, met en valeur des éléments de sa rédaction à l’aide du traitement de texte : mettre en gras, souligner, écrire en italique, changer de couleur.
L’élève entre ainsi dans une réelle démarche réflexive, en faisant ressortir les points sur lesquels il a travaillé : le vocabulaire de l’Odyssée, les épithètes homériques, l’accord du verbe, etc... selon les objectifs qui lui ont été assignés.
Le temps passé à mettre en valeur certains éléments de sa production écrite le conduit à s’interroger sur la qualité de son travail : a-t-il réutilisé assez de vocabulaire ? A-t-il par exemple intégré des expressions homériques ? A-t-il intégré une réflexion sur les valeurs du héros épique ? Il est amené à se rendre compte de lui-même de certaines insuffisances dans son travail, et à y remédier immédiatement.
C’est l’élève qui manipule son texte, c’est lui l’acteur principal de la séance.

7° L’élève peut enregistrer son travail sur son espace numérique via l’ENC, et avoir accès de n’importe quel ordinateur à son travail. Il peut encore le retravailler chez lui, l’imprimer, le conserver dans ses documents.