L’utilisation des gaz pendant la Grande Guerre par Emma, élève de 3 e

par Jean-Michel Guilhaumon

LES GAZ PENDANT LA GRANDE GUERRE

La seconde bataille d’Ypres

Le 22 avril 1915, au cours de la seconde bataille d’Ypres, les gaz asphyxiants sont utilisés pour la première fois, par les Allemands, au mépris de la Convention de La Haye de 1889.

LA CONVENTION DE LA HAYE

La Convention de La Haye fut signée en 1889 par tous les belligérants. Elle interdisait l’usage des gaz asphyxiants et délétères. Mais, immédiatement, tous les pays se mirent à travailler sur ces armes chimiques, de peur qu’un autre pays ne viole la convention. Les Allemands, dont la chimie était la plus avancée, furent les premiers à utiliser les gaz asphyxiants.

PREMIÈRES ATTAQUES

La méthode consistait à envoyer des gaz sur les tranchées ennemies. Les Allemands utilisèrent fumées et gaz lacrymogènes sur le front ouest en 1914. Ils tentèrent également d’utiliser ces nouvelles armes contre les Russes en janvier 1915 (18 000 obus au gaz lacrymogène furent lancés cette fois !). Mais ces deux premières tentatives se révélèrent inefficaces.

La première vraie attaque au gaz eut lieu à Ypres, dans le nord de la Belgique, le 22 avril 1915. Les bonbonnes (au nombre de 5 730, remplies de chlore) furent disposées le long des tranchées françaises. Les Allemands avaient choisi un moment où ils étaient sûrs que le vent ne pourrait pousser le nuage jusqu’à leurs propres lignes. Cette attaque permit aux Allemands de percer le front ouest sur 8km. Elle fit 70 000 pertes chez les Alliés et 35 000 pertes chez les Allemands. 168 tonnes de chlore furent utilisées.

Avant l’attaque

COMMENT FAIRE FACE À CES ATTAQUES ?

Face à cette attaque, les Français n’étaient pas du tout préparés : n’ayant pas de masques, ils se mirent à courir dans tous les sens. Leurs dirigeants ne savaient pas non plus comment il fallait réagir. Ce fut une surprise du côté français.
Les troupes alliées furent ensuite équipées de filtres rudimentaires en coton imbibé de produits antichlorines, très vite remplacés par de vrais masques. Néanmoins, équiper l’armée de masques ne fut pas chose facile, puisqu’il fallait concevoir des masques pour les soldats et pour les chevaux.
Les masques étaient certes peu pratiques, mais ils assuraient une bonne protection, si on les mettait à temps et dans des conditions correctes.

Les Allemands persistèrent en envoyant des gaz phosgènes, puis du gaz moutarde, employé pour la première fois à Ypres en juillet 1917.
Les Britanniques employèrent cette arme en septembre 1915, à la bataille de Loos.
Au début, les gaz s’échappaient de cylindres. Il fallait donc compter sur le vent pour les diriger vers les lignes ennemies. Peu à peu, ils furent ajoutés dans l’artillerie.

Différents types de masques

LES EFFETS DES GAZ

Les gaz sont d’une extrême violence. Avec la première apparition de cet étrange nuage verdâtre que forme la chlorine, le gaz devint sans doute l’arme la plus redoutée. Les émanations provoquaient des crises d’étouffement, et la mort survenait par asphyxie.
Le phosgène, incolore, se caractérisait par une odeur de foin coupé. Celui-ci endommageait les vaisseaux capillaires.
Le gaz moutarde (ou ypérite, dérivé de "Ypres"), dénommé ainsi en raison de son odeur, ne provoquait pas une mort instantanée mais les victimes mourraient des mois voire même des années plus tard, d’effets secondaires (brûlures sur la peau sous forme de cloques, irritation des yeux, inflammation du système respiratoire entraînant bronchites et pneumonies). Une simple exposition cutanée suffisait à attaquer l’individu. Il était redouté car il pouvait attaquer la peau même à travers les vêtements.
Parmi les gaz utilisés, certains étaient persistants (c’est-à-dire que le nuage formé persistait plusieurs jours) tandis que d’autres ne l’étaient pas (ainsi, une attaque pouvait avoir lieu juste après le gazage). Les gaz persistants étaient effroyables, car l’odeur persistait pendant plusieurs jours dans les tranchées, ce qui conduisait les soldats à en creuser d’autres.

Ce sont des armes à long terme. Il y a eu "seulement" 160 000 tués au gaz sur le champ de bataille lors de la Grande guerre. Elles ont aussi un impact psychologique considérable.
De plus, au début de la guerre, les médecins ne savaient pas soigner ce genre de blessés. Le seul véritable moyen de lutter contre les gaz est le masque à gaz. Mais les masques ne devinrent réellement efficaces qu’en 1917. Cela explique aussi le fait que les gaz ne furent pas si rapidement utilisés. Il fallait en effet équiper tous les soldats et chevaux de bataille de masques pour les protéger. Les gaz devinrent donc "courants" qu’en 1916, lorsqu’ils furent ajoutés dans les obus.

Après cette première attaque, tout le monde se mit à fabriquer des armes chimiques. Les Français les testaient sur des chiens pour les mettre au point.

Peinture de John Singer Sargen

BILAN DE L’UTILISATION DES GAZ

Les gaz firent plus de 1,3 millions de pertes (morts + blessés), soit un peu plus de 3% des pertes totales de la Première Guerre mondiale (tous pays confondus). Ils ne furent pas décisifs pour cette guerre, et ne firent qu’empirer le dur quotidien des soldats