Pierre Buraglio Histoire des Arts

par Jean-Michel Guilhaumon

Né en 1939, Pierre Buraglio est, depuis le milieu des années 60, une figure majeure de l’art contemporain français. Son oeuvre a fait l’objet de très nombreuses expositions et rétrospectives en France et à l’étranger, ainsi que de monographies (notamment celle de Pierre Wat, Pierre Buraglio, Flammarion, 2001).
Suite à ses années de formation à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, sa découverte de l’art américain de l’immédiat après-guerre, des travaux de Simon Hantaï, dans la proximité à la fois du groupe BMPT (Buren, Mosset, Parmentier, Toroni) et des peintres de la figuration libre, principalement de Gilles Aillaud, Pierre Buraglio a engagé sa propre réflexion et sa pratique artistique trouve alors rapidement sa voie spécifique.
Multipliant les approches, les médiums, Pierre Buraglio a entrepris de retravailler, réactiver, notamment par la copie, la variation, les oeuvres d’art du Musée universel.
De Lorenzetti à Guttoso, de Grünewald à Munch, de Fouquet, Poussin, Chardin, Cézanne à Matisse précisément, Pierre Buraglio puise dans ce répertoire à la fois visuel et affectif des éléments qu’il agence, interprète, assemble à son tour.
Ses travaux entremêlent les techniques et les modes : collage, assemblage, découpage.

1914-1918 pour Buraglio, c’est d’abord 1917, les mutins en France, la révolution en Russie ; pacifisme, patriotisme, socialisme, révolution, Jean Jaurès, Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg... Ces trois-là sont morts d’avoir haï la guerre et aimé le socialisme.

Les combats de 14-18 sont restitués par des séries d’objets séparés ou entassés dont les supports sont de plus en plus évanescents, de la toile au bois et au carton puis au papier calque, si fin qu’il ressemble à un papier de soie.

Invité par l’Historial de la Grande-guerre de Péronne en 2011, Pierre Buraglio s’est intéressé aux objets abandonnés par les soldats sur les champs de batailles. Son regard sur ces combats prend la forme d’un dialogue entre soldats des deux camps, engagés malgré eux dans une spirale funeste.

Ses œuvres, en résonnance avec ces reliques mémorielles, questionnent l’Histoire. Traces de vie et de mort, absurdité conflictuelle, sacrifice d’une jeunesse sur l’autel du patriotisme et du nationalisme, toutes ces questions sont abordées dans les pièces réalisées à cette occasion. Cette guerre industrielle et chimique montre les limites de l’homme devenu chair à canon, quantité négligeable.